indulgence du moment

L'art du spectacle, c'est l'art de la connivence. Il y a un public, un spectacle, des gens qui bougent dans les corps des personnages, des jongleurs, des équilibristes, et dont on ose parier qu'ils continuent d'exister une fois le rideau fermé.

Ca n'engage que moi, mais je situe la très grande différence entre la perception du théatre et celle du cinéma par cette connivence et l'indulgence; et par le moment.

Quand au théatre, un assoiffé se désaltère au goulot d'une bouteille manifestement vide, c'est normal. Tout le monde voit la bouteille pleine et la soulagement du personnage. Voire même son envie de pisser imminente. Dès qu'on filme la scène, c'est à mourir de rire. On n'y croit plus. La bouteille devient ce qu'elle est, et perd son symbole en route.

Aussi, comme le disait Stéph dans le précedent sujet, un jongleur peut faire tomber ses balles, ça arrive, il ne va pas se faire siffler; de même, un comédien peut avoir un trou de mémoire, ou louper un jeu de scène (accessoire qui marche pas, chaise pas au bon endroit...) C'est normal. On attend. Patiemment.

Un jour lors d'une pièce classique (je ne sais même plus laquelle), une comédienne a eu un trou phénoménal dès son entrée. (le truc over ballot.) Et ça a bien duré 5 minutes. Et 5 minutes, à regarder une comédienne plantée là, muette, ne pouvant improviser parce que tout le monde s'en serait aperçu et personne n'aurait aimé (classique oblige), c'est long. Très long. Mais on ne dit rien, on ne fait pas le moindre bruit. Car si pour nous le temps était multiplié par 10, pour elle, c'était multiplié par 100.

La scène est le lieu de l'immersion la plus totale, la plus métaphysique: le lieu de l'acceptation absolue. L'art du spectacle est l'art du moment, et chaque moment, parce qu'il se déroule sur scène, devient un spectacle.

C'est aussi pour ça que les concerts ne sont pas vraiment vraiment des spectacles: voir les roadies brancher des fils, c'est que de la technique, pas un moment.

C'était le quart d'heure de Genre-je-fais-celle-qui-s'y-connait.

et pour ce qui est des pièces de théatres retransmises a la télé ?
je pense que plus dans le fait d'aller dans un endroit pour voir qq chose (ciné ou théatre), c'est l'état d'esprit et ce a quoi on s'attend qui prime.

Si je vais au théatre, c pas pour voir bruce willis qui passe avec son cheval en dessous d'un camion lancé a toute allure, avec la moto qui explose au dessus et le 5eme élément qui lui taille un crayon. Et payer je sais pas combien pour aller au gaumont pour voir le meme décor pendant 90 minutes... non merci (et non merci pour payer une place pour voir de la pelouse depuis des gradins....)

Sinon, j'ai bien compris le désir de mlle fuchouaya de réaliser un film d'une pièce de théatre, puis de filmer les réactions dans la salle de ciné, et enfin, de projeter le nouveau film devant ces memes spectateurs pour à nouveau filmer leurs réactions devant leurs propres réactions, puis de faire un montage regroupant les 2 images des spectateurs, voire meme en les superposant pour obtenir une nouvelle expression inédite..(comment ca "bah non fred" ? ).. mais j'ai pas le temps de m'attarder, je dois jeter ma blanquette de veau et m'habiller.

Oh ! mais j'avais même pas vu qu'il y avait une réponse...

Je suis plutôt d'accord avec Fred (décidemment, tu vas croire que je t'en veux en ce moment Fufuch )

J'avais repensé à Jacky Brown et à cette fameuse scène de bagarre dans un bar de lesbiennes (oui, je n'ai que ce mot à la bouche, c'est le mien ). C'est un film de 1974 et la scène est super mal faite, la super butch dont le postérieur se retrouve coincé dans le jukebox ça me fait rire à chaque fois et les coups de chaises qui se cassent tout de suite et les mauvaises esquives... etc... c'est drôle maintenant mais à l'époque, ça passait très bien.
Les premiers Star Wars étaient considérés comme super sur le plan technique à l'époque... Et maintenant, même s'ils sont dépassés techniquement, ils occasionnent toujours de nouveaux et nombreux fans... Idem pour Foxy (moins là quand même)... Tout ça pour dire :
Il y a l'histoire... le spectateur sait très bien que c'est un film et qu'il y a des limites à la technique... mais il apprécie quand même...

Idem pour les séries tv : les "streumon" de Buffy ont une tête en plastique qui n'a jamais dérangé les fans....

Le spectateur est prêt à accepter beaucoup de choses aussi au cinéma... Pensons à Lynch et à ces scénarii très étranges où la fin peut être le début.

La magie du théâtre est peut-être due aussi au fait d'être à quelques mêtres du lieu de l'action, c'est ce qui le rend si intense je pense... L'effet "temps réel, espace réel", la matérialisation de la pièce et des personnages.

ps: On se la réalise quand cette mise en abime d'abime en abime de mise en abime ? Soit une sorte de fractale version théâtro-cinématographique ?
ps : pour les curieux, la scène de Foxy Brown Edith : en fait c'est sa tête qui se retrouve coincée dans le jukebox...

Je ne dirai que deux mots: OU PAS! (et toc, je t'ai cassée!)

Citation :

Il y a l'histoire... le spectateur sait très
bien que c'est un film et qu'il y a des limites à la technique... mais
il apprécie quand même...

Justement, quand les limites techniques ne sont que techniques, il accepte parce que, le pauvre metteur en scène ne peut pas faire autrement, aussi du coup ce ne sont ni ses gouts ni ses choix qui sont exposés.

Faire un film aujourd'hui avec les effets spéciaux des Star Wars de l'époque n'engendreraient pas les mêmes réactions, même de la part des fans qui y sont habitués, car ce serait un choix, et il faudrait que ce choix soit justifié.

La grande différence avec le théatre, c'est que la technique, ben c'est le comédien/jongleur/funambuliste/cracheur de chiots qui l'est. Pas qu'il l'assure: qui l'est elle-même. (chuis pas sure d'être super claire)

Un peu comme dans la séparation des pouvoirs, y'a pas de séparation entre la technique et le "spectacleur" (tient, encore un mot qui devrait exister); c'est ça qui fait aussi la différence entre un moment et une scène.

Je re-réponds : OU PAS aussi d'abord !

Il y a plein de films réalisés actuellement qui n'ont que très peu de moyens techniques, un exemple : DEBS...
C'est quoi ça ? C'est un film de ma vidéogoudouthèque. C'est un film du genre Charlies' Angels mais sans budget et où il y a des effets spéciaux qui sont ratés ou qui ne coutent pas cher et pour autant ça ne gène aucunement le visionnage de ce film.
THX 1138 de Georges Lucas est sans technique aussi et pourtant c'est un film d'anticipation, idem pour Stalker de Tarkovsky où les décors sont plus que légers ou encore La Clepsydre de Wojciech Has...
Et les gens qui découvrent Star Wars maintenant sont habitués pourtant aux effets spéciaux actuels. Idem pour Alien ou autres...
Le choix n'a pas forcément à être justifié.

Les acteurs, même s'ils peuvent tourner à nouveau une scène n'ont que leur propre technique aussi... On ne joue pas à leur place. De plus quand ils doivent jouer avec un masque (cf. V pour Vendetta) ou encore donné la réplique à quelque chose qui sera numérique (acteurs qui jouent des jumeaux) cela demande beaucoup de technique personnelle.

Tu dis que les comédiens n'ont pas le droit à l'erreur et en même temps tu dis qu'ils ont le droit à l'erreur... Ce n'est pas logique...

Par contre, quand tu dis qu'il n'y a pas de séparation, c'est une séparation d'espace et de temps qu'il n'y a pas...

MILKY WAAAY

Lady Fuchsia m'a dit que ce que j'avais dit dans mon post c'était trop nul et qu'elle allait trop me casser, du coup, je dis : " ouaich allez ! viens ! j't'attends là..."



*Steph tire la langue et se sauve en courant*

Ouaiiiiiiiiiis...Trop fatiguée la Fufuch...trop fatiguée...dormir...et après elle cassera la Stéph...et ça va êtredrôle....zzzzzzzzz

t'as pas du feu ?

Fred a écrit:

t'as pas du feu ?

Certains parmi vous se sont déjà amusé à répondre par l'affirmative à cette question sans pour autant tendre le briquet... car il s'agit d'une phrase interrogative...

Mais quel est donc cette particularité de la langue ?

" Tout locuteur, quand il énonce une phrase dans une situation de communication donnée, accomplit un acte de langage qui instaure un certain type de relation avec l'allocutaire. Comme tout acte, un acte de langage vise à modifier un état de choses existant".

Or, ici, il s'agit d'un "acte de langage indirecte de type "trope illocutoire"", comme "avez-vous l'heure ? Pouvez-vous fermer la fenêtre?"
"La valeur littérale directe de la phrase est remplacée par la valeur dérivée indirecte. Les phrases prennent une valeur interrogative pour exprimer une demande. [...] Les actes de langage indirects doivent être interprétés à l'aide des données de la situation d'énonciation. Leur mise en relation avec les formes linguistiques apparaît comme aléatoire et imprévisible, à l'exceptions des tropes illocutoires figés ou lexicalisés, marqués par des indices plus ou moins codifiés."

Même s'il s'agit d'une phrase interrogative, l'acte de langage est indirecte et l'allocutaire doit comprendre qu'il s'agit d'une injonction "tu me files ton feu ! ou je me trouve un silex... pour te taper sur la tête avec..."

Voili voilou

Source : Grammaire Méthodique du Français, édition PUF, p.583 ; 589.

(édition "puf". ca s'invente pas. mais c steph qui en parle... marf. Arretes de trainer sur gp toi..)

ben quoi PUF ? Presses Universitaires de France...

C'est quoi Puf sur GP ? (tu peux me répondre en mp si c'est trop indécent )

direction MP alors :p

sinon, merci pour ces précisions de langages. je les apprendrai pour faire chier les autres... :p

[Je pourrai alors faire ma steph (et rire tout seul parce que les nanas, parfois, elles attendent d'avoir qqn pour se prendre en photo).]

Quand on me demande si j'ai l'heure ou une feuille, ou 5 euros, je répond à chaque fois "oui" sans rien faire de particulier.

Ferais-je partie des Chieurs ?

Non, des egoïstes! :p

Sinon, moi je fais pareil avec les 5 euros, mais c'est parce que je fais partie de Fauchées.